Expérimentation de médiation animale à la Faculté d’éducation site de Montpellier

Depuis quelques mois, Ariol, un lagotto romagnolo de 13 ans, arpente les couloirs de la faculté d’éducation de Montpellier pour assister à plusieurs cours de licence. Ce n’est pas un nouvel étudiant, mais le participant indispensable d’une expérimentation inédite en milieu universitaire, menée par Sylvain Wagnon, enseignant-chercheur en Sciences de l’Éducation : l’intégration de la médiation animale dans la formation des futurs enseignants. Inspirée par les succès observés en milieu médical et scolaire, cette initiative soulève de nombreuses questions et mérite quelques explications.

Un levier pédagogique innovant

La médiation animale repose sur l’idée que la présence d’un animal peut favoriser un climat scolaire apaisé, réduire les conflits et améliorer les apprentissages. Des études ont montré que les interactions avec des animaux domestiques renforcent l’attention, diminuent le stress et facilitent la communication entre les élèves, avec une portée particulièrement bénéfique pour l’inclusion scolaire.

Toutefois, la mise en place d’un tel projet a nécessité un travail préparatoire afin de s’assurer que certains étudiants ne manifestaient pas de réticences à la présence d’un animal en cours. Ariol, bien que formé et habitué à travailler avec des enfants, n’était pas destiné à évoluer en milieu scolaire ou universitaire face à un grand nombre d’étudiants. Son intégration a donc soulevé des enjeux spécifiques qu’il convenait d’anticiper. Après l’étonnement et les premières prises de contact, la présence d’Ariol est même devenue une attente pour les étudiants. Ils le saluent, l’attendent, le cherchent et interagissent avec lui pendant la durée des cours.

Un cadre à définir

Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre d’une recherche menée par la Faculté d’éducation et l’Inspé de Montpellier. Elle vise à pousser les étudiants à se questionner au-delà de leur ressenti personnel. L’objectif n’est pas de généraliser systématiquement la médiation animale en milieu scolaire, mais d’amener une réflexion sur son propre enseignement et le cadre éducatif approprié. De nombreuses interrogations émergent : quels types d’animaux sont les plus adaptés ? Comment garantir leur bien-être ? quelles compétences spécifiques doivent acquérir les enseignants ? L’un des enjeux majeurs de cette expérimentation est donc d’établir un cadre précis, en s’appuyant sur les recherches en éthologie et en éducation.

Une relation équilibrée entre les étudiants et l’animal

Un des aspects les plus novateurs du projet est la prise en compte du bien-être de l’animal. Contrairement à certaines recherches qui se concentrent uniquement sur les bienfaits pour les élèves, cette expérimentation met également l’accent sur le ressenti et les besoins des animaux impliqués. Les étudiants ont rapidement perçu les signes de fatigue d’Ariol et sa recherche d’un endroit pour se reposer, tout comme ils ont observé son rôle actif de médiateur. En seulement quelques mois, les premiers résultats sont visibles, notamment sur la relation pédagogique et le climat en cours.

Vers une poursuite de l’expérimentation ?

Si les premiers résultats méritent une analyse plus poussée du point de vue des étudiants, de l’animal, de mon point de vue d’enseignant-chercheur et des personnels de la faculté, ce projet s’inscrit dans un mouvement plus large. L’académie de Montpellier est pionnière en la matière, avec des expérimentations déjà présentes dans l’enseignement secondaire, notamment autour des CPE. Cette expérimentation dans la faculté d’éducation nécessite d’être approfondie ; elle constitue une première étape vers une réflexion plus large sur la place de l’animal dans l’éducation. En combinant approche scientifique et retour d’expérience, elle pourrait, nous l’espérons, permettre de redéfinir certaines pratiques pédagogiques de demain.

Sylvain Wagnon, enseignant-chercheur en Sciences de l’Éducation

Pour aller plus loin : Article The Conversation